C'étaient les jeux du cirque,
genre de spectacle qui ne me plaît absolument pas.
Il n'y a rien de nouveau,
rien de varié,
rien qui ne mérite qu'on le voie plusieurs fois.
Aussi suis-je étonné que
tant de milliers d'hommes
d'une manière si puérile
soient pris en même temps du désir
de voir des chevaux lancés à la course
des cochers debout sur des chars.
Si encore on s'intéressait
soit à la rapidité des chevaux, soit à l'habileté des cochers
ce goût pourrait s'expliquer
mais c'est l'habit qu'on applaudit
c'est l'habit qu'on aime,
et si en pleine course
et au beau milieu de la compétition,
la première couleur
passait
au second cocher
et la seconde
au premier
les vœux et les applaudissements changeraient de camp
et tout à coup
les fameux chevaux et les fameux conducteurs
qu'on a l'habitude de reconnaître,
dont on ne cesse d'acclamer les noms
seraient plantés là.
Telle est la faveur, telle est l'importance qu'accordent
à une misérable tunique,
je ne dis pas la foule
plus misérable encore que la tunique,
mais certains hommes sérieux.
Quand je pense qu'
ils désirent d'une manière effrénée
cet amusement futile, sot, monotone,
j'éprouve une certaine joie à ne pas éprouver cela.
Et pendant les jours que nous traversons,
c'est avec un très grand plaisir
que je consacre les heures oisives
à mes lettres
pendant que d'autres
les perdent à des occupations très oiseuses.