Il était si qu'on l'avait appelé Cœur de Lion. Ni le tonnerre, ni la pluie, ni le vent en rafales ne lui . Pas même la nuit et ses ombres inquiétantes et ses bêtes cachées et ses bruits bizarres. Rien ne l'. Jamais.

Aussi était-il devenu le de sa communauté. Quand on lui avait donné son surnom, il en avait été très fier, et il se promenait, la tête haute, la moustache arrogante, en répétant sans arrêt et très fort pour qu'on l'entende : « Je m'appelle Cœur de Lion et je n'ai peur de rien ni de personne ! »

Un jour qu'il passait près d'une mare, il entendit un appel au . C'était une qui s'était coincé la patte dans une racine. La pauvre tirait vainement sur sa patte, rien à faire ! Peu à peu, elle perdait ses forces et allait s'évanouir. Or, tapie sous une roche, la redoutable d'eau n'attendait que ce moment pour se précipiter sur le batracien et l' tout cru. Cœur de Lion ne fit ni une ni deux. Lui qui détestait l'eau, il n'hésita pas à se mouiller ; il trancha la racine et délivra la malheureuse. Il était temps, la couleuvre, déjà, déroulait ses anneaux.

Une autre fois, ce fut une qu'il tira d'. L'inconsciente s'était fourvoyée dans la sucrée de l'épouvantable épeire. Il arriva juste à temps pour retirer la fourmi des pattes de la .

Cœur de lion, enhardi par ces , décida de quitter son pays. « Il faut, dit-il, que le monde entier mon courage, applaudisse à mes ! » On essaya de le retenir. Rien n'y fit. Ni les pleurs de sa mère, ni les mises en garde de son père. Il partit un beau matin, droit devant lui et sans se retourner.

Il n'alla pas loin. Au premier détour de la haie, il rencontra une . Une grosse patte de chat. C'était Finaud, le matou des fermiers, un matou matois qui guettait depuis quelque temps la sortie du nid des . Coeur de Lion finit son voyage dans l' d'un chat.

On a beau s'appeler Cœur de Lion, quand on n'est qu'un , il vaut mieux prendre ses précautions.